Le commerce électronique et ses limites - Hugo EDISON - 24/01/2000

epuis deux ans environ, tout le monde ne jure que par Internet, toutes les grandes entreprises ont désormais leur propre site, tant et si bien qu'on avait pratiquement annoncé la mort des structures traditionnelles, surtout celles des entreprises qui ne prenaient pas la voie " Internet ". Jusqu'au jour où la population a vraiment commencé à utiliser les services d'entreprises exclusivement sur le Net. Qui n'a pas déjà commandé un livre sur Amazon (www.amazon.com) ? Le livre arrive deux semaines plus tard, presque en même temps que le compte de carte de crédit, sans oublier que si nous avons le malheur d'être canadiens, on doit convertir le prix et payer des frais de douane, disons qu'il y a du travail à faire avant que nous désertions l'endroit chaleureux qu'est la librairie du coin.

Le vrai problème qui se pose donc, c'est au niveau de l'infrastructure et de la distribution. Internet n'est qu'un véhicule et un merveilleux outil marketing pour rejoindre et informer les gens. Les entreprises qu'on disait hier condamnées, renaissent aujourd'hui. Ils n'ont jamais été vraiment mortes. Le magasine Red Herring (www.redherring.com), dans son tableau annuel des dix tendances à surveiller, mentionne que toutes les entreprises faisant du commerce de détail devront avoir une solide infrastructure sur le terrain. Amazon.com, l'enfant chéri des analystes financiers devait surclasser le géant de la librairie Barnes & Noble (www.barnesandnoble.com), mais actuellement, c'est plutôt Amazon qui cherche une structure de terrain similaire à Barnes & Noble. Celle-ci, grâce à son réseau de librairies (500) à travers les Etats-Unis et un service test de distribution 24 heures sur 24 sur l'île de Manhattan a réussi à surclasser Amazon.com, mais surtout à le faire réagir. En effet, Amazon.com vient d'investir 120 millions de dollars (www.thestandard.com/article/display/0,1151,8720,00.html) dans Kozmo.com (www.kozmo.com), un spécialiste de la livraison qui a fait ses preuves et qui possède depuis quelques temps une dizaine d'entrepôts dans cinq grands marchés américains (New York, San Francisco, Seattle et Washington D.C.).

On assiste présentement à d'autres alliances entre des firmes " online " et d'autres possédant de solides infrastructures. Entre autres, Peapod, épicier " online " (www.peapod.com) qui s'est lié à Walgreens (pharmacie), dans ce cas chacun utilise les avantages de l'autre. Un concurrent de Peapod, Webvan (www.webvan.com) à quant à lui commandé la construction de 26 entrepôts à la firme d'ingénierie Bechtel (géant mondial) pour la modique somme de 1 milliards. Dernier exemple et non le moindre, Drugstore.com (www.drugstore.com) qui s'est allié avec Rite-Aid (pharmacie), ce qui procure à Drugstore.com un formidable réseau de distribution. Qu'est-ce que Jean Coutu (www.jeancoutu.com) attend avant d'attaquer plus agressivement le marché nord-américain ? Il peut être certain que la firme d'investissements Kohlberg Kravis Roberts (spécialiste du "leverage-buyout ") qui a acheté Shoppers Drug Mart/Pharmaprix (www.shoppersdrugmart.ca), le numéro un canadien, n'en restera pas là très longtemps.

Dans la revue Forbes (www.forbes.com), le célèbre chroniqueur informatique John C. Dvorak va plus loin en posant le problème de distribution comme un futur problème de société. Présentement les firmes comme UPS (www.ups.com) et Federal Express (www.fedex.com) profitent le plus du e-commerce, mais dans certaines grandes villes américaines, notamment San Francisco, l'augmentation des camions de livraison est en train de poser un grave problème de logistique urbaine. Même la banlieue avec ses couples de travailleurs à la maison commence à vivre le phénomène.

À première vue ça peut paraître insignifiant, mais à bien y regarder, les risques sont là. Est-ce à dire que notre bon vieux centre d'achats (relique des années '70) demeure la meilleure solution aux problèmes de distribution ? La solution de l'avenir ??? Le feu " Distribution aux Consommateurs " serait de nouveau " in " ! C'est possible car le centre d'achats offre de l'espace de stationnement, des points de distribution et un accès rapide à la marchandise commandée. À vous de choisir…

Pour ceux et celles d'entre vous qui veulent en savoir plus au sujet de la recherche portant sur les nouveaux outils ou techniques par rapport au commerce électronique, le MIT Media Lab vient de mettre de l'avant un groupe de recherche interdépartemental (e-markets.www.media.mit.edu/projects/e-markets/) qui ciblera de façon spécifique le commerce électronique.

Le prochain texte paraîtra le 31 janvier 2000 et il portera sur l'après Internet, du moins sur la disparition du mot Internet du vocabulaire. Entre temps, vos commentaires, courtes réflexions ou suggestions sont les bienvenues. Bonne réflexion à tous.


Hugo Edison
hugo.edison@rebelles.com
www.rebelles.com (SAM-Canada)

Ce texte est la première chronique " Briefing Digital " qui reviendra de façon bimensuelle sur la Toile des Communicateurs (www.communijob.com). Dans cette chronique je tenterai de cerner les nouvelles tendances ou recherches qui risquent d'influencer à court, moyen ou long terme le fonctionnement de notre société, et de la nouvelle économie. Le contenu des chroniques proviendra en grande partie de publications d'instituts ou d'universités, de même que d'une cinquantaine de journaux ou magasines.


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