La guerre des télécoms - Hugo EDISON - 28/02/2000

etournons quelques années en arrière. L'étoile filante du monde des affaires québécois, c'était Charles Sirois, pour plusieurs c'était même un visionnaire. La semaine dernière Sirois a dû vendre Telelglobe (www.teleglobe.com) , le fleuron de son empire à BCE (voir La Presse, jeudi 17 février 2000, E1). Son empire personnel demeure important, mais ses visées à titre de futur géant mondial des télécommunications viennent de tomber. Malgré cette défaillance, Charles Sirois avait fait une prédiction il y a quelques années qui risque de se réaliser sans lui. Dans quelques années avait-il dit, il y aura seulement cinq géants qui domineront l'univers des télécommunications. Depuis quelques temps, avec les fusions et acquisitions qui tombent de tous les côtés, et la naissance en quelques mois de nouveaux géants de la nouvelle économie, il sera de plus en plus dure de différencier les entreprises par secteur, surtout lorsque ceux-ci sont connexes. Sirois avait raison, quelques joueurs seulement domineront la nouvelle économie et ils risquent de venir du monde des télécoms. Avec ou sans fil? Difficile de savoir. De toutes façons, les futurs leaders convergent tous vers le contrôle et la gestion de "l'omniprésence de l'information", pour devenir les géants des communications Internet.

En deux pages, je ne pourrai vous dresser un tableau complet de cette industrie (télécommunications), je m'attarderai plutôt à quelques événements récents, dont la fameuse acquisition de Mannesmann (Allemagne) par Vodafone (Angleterre). Pour ceux qui lisent régulièrement ma capsule quotidienne, j'ai commencé à parler de ce futur achat dès que Vodafone (www.vodafone.com) a lancé son offre, malgré le fait que nos médias financiers en parlaient peu. Ils n'avaient de yeux que pour les télécoms américains. Pour l'instant, on peut encore faire la différence entre les noms des entreprises de fibres ou sans fil, mais l'heure est proche où on pourra résumer l'industrie à quelques noms.C'est " in " de parler de transmissions de données Internet sur réseau sans fil et ça risque de s'accentuer, mais pourquoi ? Pour rendre Internet plus " friendly user ", il doit être accessible de partout en tout temps, et pour l'instant c'est le réseau du sans fil qui nous permet de capter les données sur nos cellulaires ou Palm Pilot, et c'est là que sont les futurs consommateurs en moyen. Selon Forrester Research, " One third of Europeans will surf the Internet using mobile phones by 2004 ". Le 3 février dernier, Vodafone a acquis pour 179,7 milliards de dollars US l'entreprise allemande Mannesmann (www.mannesmann.com) pour ainsi devenir le leader européen et mondial de la téléphonie sans fil. Pendant que nous regardions les américains, c'est une petite entreprise anglaise qui a pris la "pole position" du marché. Quelques jours auparavant, Vodafone avait signé une entente avec le géant français Vivendi (www.vivendi.com/fr) pour la création d'un méga-portail sur Internet. Lorsqu'on regarde de près ces entreprises, on se rend compte qu'ils ont des intérêts croisés dans plusieurs compagnies de l'univers des télécoms et d'Internet. Exemple : Mannesmann possédait 15 % de Cegetel, filiale du cellulaire de Vivendi. Dans cette vague de partenariat (news.ft.com) , Vodafone prévoit lancée sa stratégie Internet (avec une nouvelle marque de commerce) vers le mois de juin. Ses partenaires sont Ericsson, IBM, Nokia, Sun Microsystems et bien entendu Vivendi, mais toutes ces entreprises ont également des ententes connexes avec des concurrents de Vodafone. Même le partenaires aux États-Unis de Vodafone, Bell Atlantic/GTE (www.bellatlantic.com) est dans les faits un concurrent international de celui-ci, n'oubliez pas que le futur terrain de jeux de ces entreprises, c'est le monde.Outre le fait de posséder une monnaie unique, l'Europe part avec un autre avantage sur les États-Unis, c'est celui de posséder un réseau cellulaire compatible de la France à la Finlande en passant par l'Allemagne. Mais avant de crier victoire pour Vodafone, on devra surveiller comment elle intégrera cette acquisition. De plus, les compétiteurs n'attendront pas que l'entreprise britannique soit prête avant d'attaquer. La plupart des analystes résument la concurrence à quatre ou cinq entreprises, pour ma part, je peux identifier dix joueurs potentiels, ils viennent du sans fil ou des réseaux de fibres, certains plus dangereux que d'autres :
-AT&T www.att.com
-MCI Worldcom www.wcom.com
-NTT DoCoMo du Japon www.nttdocomo.com
-Deutsche Telekom www.deutsche-telekom.net
-Telecom Italia www.telecomitalia.it
*-Bell Atlantic/GTE www.bellatlantic.com
*-Vivendi www.vivendi.com/fr
-Pacific Century CyberWorks www.pcg-group.com
-Qwest Communications www.qwest.com
-Global Crossing www.globalcrossing.com

*Alliance avec Vodafone

Je m'en voudrais d'oublier que Vodafone/Mannesmann est maintenant dans les grandes ligues, et qu'à ce niveau il joue avec Microsoft, Cisco et General Electrics, ainsi que quelques autres pour le titre de numéro un mondial de la nouvelle économie. Ce n'est plus une simple partie qui se joue dans le secteur du sans fil, Vodafone est hors catégorie présentement. Qwest, Global Crossing et Telecom Italia sont de plus petits joueurs, mais dangereux, surtout dans l'univers Internet où la capitalisation boursière des nouvelles firmes leurs permet d'acheter de plus gros joueurs, et ce beaucoup plus facilement qu'il y a quinze ou vingt ans. Je me permettrai quelques lignes sur le petit nouveau du groupe, Pacific Century CyberWorks de Hong-Kong. CyberWorks a été officiellement fondée en juillet dernier par Richard Li, 33 ans, fils du milliardaire Li Ka-Shing. Richard Li a réussi par lui-même en démarrant jadis le réseau de télévision par satellite StarTV vendu par la suite à Rupert Murdoch de News corp.. Maintenant, il veut fonder un géant de la nouvelle économie Internet. L'entreprise aurait déjà une valeur de 21 milliards. Après une trentaine d'investissements dans Internet, monsieur Li désire désormais acheter Cable & Wireless HKT (www.feer.com/_0002_24/p36telecom.html) , la plus grosse firme de télécoms de Hong-Kong, pour ainsi devenir le joueur le plus important d'Asie. HKT ne serait qu'une partie de l'empire que veut bâtir Li. Son audace et son agressivité poussent actuellement des firmes comme Telekom Malaysia, SingTel (Singapour) et NTT (Japon) à se réveiller. Le problème, c'est que ces entreprises voient HKT comme une façon d'agrandir leur réseau de télécommunication (une simple filiale à Hong-Kong), alors que Richard Li voit cela comme un élément qui s'intégrera parfaitement dans une véritable entreprise de l'ère Internet. Li voit le futur, les autres pas. C'est une bataille entre deux conceptions différentes de l'avenir. Samuel Chanson, directeur du Cyberspace Centre à la Hong Kong University of Science and Technology explique bien cette mentalité lorsqu'il dit, " Internet companies see other companies as a way to gain infrastructure, customers and content ".On se reparlera sûrement de tout ça dans un an, alors que le portrait de la situation risque d'avoir changé du tout au tout. Je crois qu'à ce moment nous parlerons plutôt de ceux qui auront réussi à englober tous les aspects communicationnels d'Internet. Pariez sur monsieur Li et probablement un vieux dix sur Microsoft et le projet Symbian (www.symbian.com). Microsoft gage sur le fait qu'à la fin de 2003, il y aura 1 milliards de personnes utilisant le téléphone cellulaire. Le prochain texte paraîtra le mardi 7 mars 2000. Entre temps, vos commentaires, courtes réflexions ou suggestions sont les bienvenues. Pour ceux et celles qui le désirent, vous pouvez désormais recevoir gratuitement et quotidiennement une courte capsule d'informations concernant le monde de l'information et des technologies. Pour vous abonner, cliquer sur l'adresse suivante : www.rebelles.com/subscribe.html
Bonne réflexion à tous.


Hugo Edison
hugo.edison@rebelles.com
www.rebelles.com (SAM-Canada)

Ce texte est extrait de " Briefing Digital ", dossier bimensuel du site "la Toile des Communicateurs" (www.communijob.com). Dans cette chronique je tenterai de cerner les nouvelles tendances ou recherches qui risquent d'influencer à court, moyen ou long terme le fonctionnement de notre société, et de la nouvelle économie. Le contenu des chroniques proviendra en grande partie de publications d'instituts ou d'universités, de même que d'une cinquantaine de journaux ou magasines.


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